PRESENTATION DE L’AUTEURE
Votre roman est issu de votre terrain professionnel. Que faites vous?
Je travaille depuis plus de 20 ans dans le champ de la protection de l’enfance. J’ai une formation d’éducatrice spécialisée et depuis quelques années, j’occupe un poste de cheffe de service dans un service de jeunes majeurs. Mon expérience professionnelle s’est construite principalement dans des foyers éducatifs qui accueillent des adolescents et jeunes majeurs.
Et durant mes heures perdues, j’écris…
Quels genres lisez-vous?
J’ai une prédilection pour les romans policiers, les romans basés sur des faits réels, les classiques ainsi que les lectures philosophiques et sociologiques.
Les romans, c’est comme une vie parallèle et souterraine. On rencontre des personnages, on découvre leur vie, leurs émotions, comment ils agissent dans certaines situations. Et même fictifs, ils partagent notre vie. D’ailleurs, les rencontres imaginaires peuvent rester aussi vivaces et présentes dans nos souvenirs que les réelles. Les écrits sociologiques et philosophiques m’ont aidé à changer mon regard sur le monde qui nous entoure.
Comment passe-t-on d'écrits professionnels ou sociologiques à un roman policier?
Il y a une analogie entre la sociologie, le roman policier et le monde de l’éducation spécialisée.
Chacun s’appuie sur des témoignages de gens ordinaires, sur l’observation d’un milieu social, sur la compréhension de faits, de comportements humains, tout en essayant de garder une certaine objectivité.
Découvrir et illustrer une réalité sociale, la problématiser, dépeindre le vécu des personnes, leur conflits internes et leurs contradictions, sont également des points communs.
Ma profession, dans le champ de l’éducation spécialisée, est basée avant tout sur la relation. Nous rencontrons des personnes, qui nous livrent leur histoire de vie, leurs peines comme leurs rêves. Toutes ces rencontres nourrissent notre affectivité comme notre imaginaire.
Notre travail ressemble parfois à des enquêtes, lorsqu’on cherche à décrypter les comportements pour mieux comprendre, lorsque l’on va chercher dans l’histoire et le vécu, les raisons qui poussent la personne à agir de telle façon.
Lorsque je menais des enquêtes sociologiques, je les comparais souvent à des enquêtes policières : être sur le terrain, écouter et observer les gens pour comprendre ce qu’ils vivent dans certaines situations. Et souvent, c’est un vrai puzzle car il faut faire des liens et d’accorder nos données avec des théories, aller fouiner dans les bibliothèques, traduire des comportements humains.
Faire de la sociologie ou accompagner des jeunes obligent à des prises de position, un certains engagement et une volonté d’agir sur des inégalités.
Comment vous est venu le goût de l'écriture ?
Je me souviens avoir eu le goût de la lecture et de l’écriture très jeune.
J’ai arrêté mes études, certainement trop tôt, et le gout de l’écriture s’est envolé. Par contre, je suis toujours restée une fervente lectrice.
C’est lorsque j’ai repris des études, beaucoup plus tard, que j’ai retrouvé le plaisir d’écrire.
Mais il s’agissait alors d’écrits professionnels ou sociologiques
Quel est votre auteur préféré?
C’est une question difficile ! Je pense que nous orientons nos choix de lectures par rapport à notre âge, notre humeur, les évènements qui traversent notre vie.
En ce qui concerne les romans, certains auteurs m’ont plus particulièrement marqués car ils m’ont permis de rêver et d’accéder à un monde auquel je n’aurai pas eu accès dans la vie réelle. Je pense plus particulièrement à Maupassant, Pearl Buck, Henri Troya quand j’étais adolescente, plus tard à la « saga » d’Emile Zola, « Belle du seigneur » d’Albert Cohen et aussi à « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez.
Alors pourquoi un roman policier?
Le style du roman « les disparus du foyer Sainte-Madeleine » est hybride.
Il s’agit certes bien d’un roman policier. Deux enfants Mineurs isolés originaires d’Afghanistan disparaissent de leur foyer éducatif et le lieutenant Kagabo va tenter de les retrouver.
Mais le roman est proche d’un roman social, dans le sens ou il s’agit, à travers une enquête, de dénoncer des problèmes sociaux et leurs effets sur les jeunes comme sur les professionnels.
Le lecteur pénètre dans un univers peu connu du grand public : le monde de la protection de l’enfance, avec ses institutions, ses foyers éducatifs, les éducateurs, psychologues, psychiatres, mais aussi le monde des enfants placés.
A travers cette enquête, j’ai essayé de dépeindre les problématiques et les questions centrales, les conflits internes qui agitent les professionnels comme les jeunes.
Et ces derniers ont été la source de mon inspiration. Les lieux cités existent réellement, j’ai juste changé parfois nom des rues et les situations s’inspirent de mon quotidien.
Envisagez-vous d'écrire, sur d'autres ?
Je travaille à plein temps et je n’ai malheureusement pas suffisamment de temps pour écrire comme je le souhaiterais. Faute de temps, je fais des choix. Mais, les jeunes, les professionnels, les différents évènements vécus, en bref, tout mon quotidien, sont la source de mon inspiration. Je me suis donc lancé dans un second roman policier, qui se passe également dans le même univers, mais avec un thème différent.